Deltrian produit 1,5 million de masques «made in Belgium» par semaine.

Avril 2020. La Belgique, comme le reste du monde, s’enfonce dans l’épidémie de coronavirus. Snobé initialement par les autorités belges, le masque buccal devient un instrument clé de la lutte contre la propagation de la maladie. Une large mobilisation citoyenne permet de suppléer l’insuffisance de masques, encore faut-il que leur efficacité soit optimale.

Soucieuse de faire preuve de solidarité, une entreprise basée à Fleurus, Deltrian, spécialiste de la filtration d’air depuis un demi-siècle, n’est pas restée de marbre.

Deltrian se lance à la faveur d’un appel d’offres du gouvernement fédéral.

14 millions de filtres sont fournis la première semaine de mai. La distribution sera chaotique, et la société de Fleurus réalise elle-même une petite vidéo expliquant comment insérer le filtre dans le masque, sous peine de finir dans la poubelle de nombre de citoyens…

Le véritable tournant, pour Deltrian, sera un autre appel d’offres, du Gouvernement wallon. Cette fois, c’est de masques complets qu’il s’agit. Car les dirigeants wallons ne veulent plus dépendre d’un marché mondialisé pour un produit aussi vital. L’entreprise remporte le marché qui, initialement, porte sur la fabrication de 5 millions de pièces destinées surtout aux hôpitaux et à l’AViQ.

Une société spécifique est constituée: Deltrian Protective Equipment, de laquelle laWallonie (Sogepa et SRIW) devient actionnaire à 49%. Pour répondre au marché wallon, deux lignes de production sont installées. Deux autres suivent. Car entre-temps, la clientèle s’est élargie, notamment aux regroupements de pharmacies, aux établissements d’enseignement, à la SNCB, à la STIB, aux entreprises, aux simples citoyens.

Chacun aspire à être débarrassé de ce virus. Mais cette diversification de Deltrian ne risque-t-elle pas, de ce fait, d’être condamnée?

En effet, outre les types 2 et 2R qui filtrent à plus de 98%, et le masque citoyen (plus de 90%), lavable 25 fois et labellisé par Test-Achats.

Des produits qui visent les professionnels de la santé.Elle a aussi négocié un accord avec NanOx, start-up de Wépion qui avait eu la bonne idée d’un masque réutilisable, très hermétique, en silicone, mais avait connu des déboires pour son approvisionnement en filtres.

Deltrian continue d’exploiter au maximum sa récente diversification. Un site internet permet d’acheter des masques. Elle a aussi conclu un accord avec Codibel, à Seneffe, pour commercialiser du gel hydroalcoolique. Et ses masques sont disponibles dans les distributeurs Pélican rouge, dans 17 pays. En outre, ses purificateurs d’air portables se vendent comme des petits pains.

Pour se faire connaître, en misant sur l’étiquette «Made in Belgium», elle a conclu un partenariat avec le Sporting de Charleroi, et elle va distribuer un masque à chaque élève du secondaire, en Wallonie et dans le reste du pays. Elle a aussi intégré le projet européen Reservist rassemblant diverses sociétés dans le but de concocter un plan d’action endéans 24 h contre une autre pandémie.

Car sans trop le dire, Deltrian pense que ce qu’elle a mis en place risque d’être encore, hélas, d’actualité.

Deltrian est une entreprise créée en 1967, à Mont-sur-Marchienne, par la famille Alexius. Depuis 1985, c’est Jürgen Alexius qui en est le CEO. Son core business, c’est la filtration d’air. Elle produit, vend, installe et assure la maintenance du matériel dans des domaines aussi variés que le secteur automobile, la biopharma, l’agroalimentaire ou encore les turbines à gaz, tant en Europe qu’ailleurs dans le monde. Elle exerce aussi une activité lighting, d’éclairage LED.

Depuis mars, elle s’est diversifiée avec la production de masques buccaux, qui représente actuellement 10% de son activité. Deltrian emploie 85 personnes sur ses sites carolos, dont 25 pour la production de masques. Elle compte 14 filiales, pour un emploi global de près de 600 personnes. Trois rachats supplémentaires sont annoncés pour bientôt.